Ceci n’est pas un gâteau au chocolat, mais un fondant aux haricots rouges. Ou comment jouer des apparences pour tromper son monde (oui, c’est mal !)

Il y a quelques semaines, lors d’un déjeuner bénéfien partagé avec La Mangue, bien connue de la blogosphère pour ses magnifiques paniers-repas, j’ai eu la chance de goûter à un délicieux gâteau de Lune fourré aux haricots rouges.

Les friandises asiatiques à base de pâte de haricots rouges (azukis des japonais ou hong dou des Chinois), font partie des douceurs sur lesquelles je me jette sans retenue quand l’occasion se présente (heureusement ce n’est pas particulièrement fréquent).

Ce jour-là, La Mangue m’avait parlé d’une recette de fondant aux haricots rouges qu’elle n’avait pas encore publiée. Les jours et les semaines passent, mais elle ne se décide toujours pas à livrer le secret de ce fondant. Elle se contente d’en glisser une tranche dans l’un de ses paniers-repas, l’air de rien, comme s’il s’agissait d’un banal cake Brossard. L’idée de ce fondant excite de plus en plus ma convoitise, devient une véritable obsession.

Dans mes élucubrations diurnes et nocturnes, je repense à une recette à base de crème de marrons publiée dans un numéro d’Elle à table. La pâte de haricots rouges ressemble, en consistance surtout, à de la crème de marrons. Pourquoi ne pas s’inspirer de cette recette d’Elle, pour commencer ? Rien de plus facile. Il suffit de retrouver le bon numéro du magazine. Je fouille méticuleusement ma collection, mais impossible de mettre la main dessus. Comble de la disgrâce pour une bibliothécaire de la BnF, c’est Google qui me tire d’affaire en trois mots et 0,08 secondes plus tard, j’ai retrouvé la recette du fondant aux marrons.

Fondant aux haricots rouges

Pour un moule de 20 cm de diamètre environ (ou un moule carré de taille équivalente)

– 4 œufs

– 500g de pâte de haricots rouges (que l’on peut confectionner soi-même, mais c’est assez long ; plus simplement, acheter une boîte toute prête dans les épiceries asiatiques)

– 125g de beurre 1/2 sel

– 1/2 gousse de vanille

– 1 cuillérée à soupe de rhum ou de cognac ou d’armagnac (Ok c’est pas très asiatique, mais de toute façon on est en plein « fusion food » ; – )

– 2 c. à soupe de farine

– un voile de sucre glace pour le décor

… et surtout pas de sucre, la pâte de haricots rouges étant déjà très sucrée (comme la crème de marrons).

1. On mélange la pâte de haricots rouges avec le beurre fondu, on ajoute les jaunes d’œufs, le rhum, la farine. On bat les blancs en neige ferme et on incorpore délicatement à la pâte.

2. On verse dans un moule rond ou carré beurré et fariné et on fait cuire 40 à 45 minutes à 180°. Après démoulage, on saupoudre de sucre glace.

3. On déguste avec une tasse de Pu Erh ou de Yunnan.

Alors ? Et bien c’est tout simplement délicieux, fondant et moelleux, tout doux. Difficile de s’arrêter, ce n’est même pas écoeurant (enfin, je me suis arrêtée à la troisième part…)

Autre avantage : ça ressemble comme deux gouttes d’eau à un fondant au chocolat (au moins extérieurement). Petite expérience amusante : j’ai apporté ce gâteau au travail et l’ai proposé à mes collègues, en même temps qu’un banal gâteau au yaourt. Le fondant aux haricots rouges a eu plus de succès, très vite, il n’en est plus rien resté, mais curieusement, personne ne s’est demandé ce qu’il y avait dedans.

– Dis donc, il est drôlement bon ton gâteau au chocolat, tu me donnes la recette, s’il te plaît ? Je voudrais en faire un pour mes enfants ce week-end.

– Tu veux dire, le fondant aux haricots rouges ?

Silence… Plusieurs secondes passent. Mine stupéfaite de la collègue qui se rend compte que je ne suis pas en train de plaisanter. Elle ne trouve rien à dire. Les autres me regardent tout aussi effarées. Moi aussi, je suis abasourdie : ce fondant ne sent absolument pas le chocolat, et visiblement tout le monde a cru que c’en était. (Même mon homme, lorsque le gâteau était au four, diffusant de douces odeurs dans la maison).

– Ben oui, ce sont des haricots rouges… Enfin, pas ceux du chili con carne, hein ? Quoique je suis sûre qu’avec un peu de piment d’Espelette, ça doit être très bon aussi !

A la vitesse à laquelle les rumeurs circulent, je ne pourrai jamais plus apporter un gâteau au boulot sans subir les regards soupçonneux de mes collègues…

2 commentaires

  1. Très amusant gâteau qui a vraiment l'allure d'un gâteau au chocolat, et une exquise odeur de crème de marron (d'ailleurs lors de la préparation et donc forcément du "goûtage du mélange", j'ai trouvé qu'on était très très proche de la crème de marron de la (très bonne) marque dont le nom commence par F,et qui vend aussi sa crème i par 4 mini-pots).. J'ai dû résister à la tentation de trop en manger cru…).
    Mes 2 grains de sel sont : 1°) la farine est inutile, car les haricots rouges sont assez "féculents" pour remplir ce rôle. 2°) 54 minutes de cuisson, ça donne (pour moi en tout cas) un gâteau aéré, pas du tout de texture "fondant", la lame du couteau ressort archi sèche de chez archi sèche. 25 minutes ont été largement suffisantes, et je descendrai à 20 la prochaine fois,Et je mettrai les œufs entiers (sans battre les blancs), ainsi je pense que j'aurai vraiment la texture "fondant", comme un gondant au chocolat.
    J'ai vu des variantes de cette recette où c'est moitié chocolat moitié pâte de haricots rouges : pour moi tout e charme vient de ce qu'il soit au contraire fait uniquement aux haricots rouges, mais cela dit, il faut être sûr que les invités soient de conciliants cobayes, curieux d'esprit.

  2. Désolée je ne me suis pas relue, ce qui fait qu'il y a quelques fautes d'inattention, dont, entre autres, une inversion des chiffres du temps de cuisson (54 au lieu de 45).

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