Un makowiec pour Noël : ou comment éviter la sacro-sainte bûche qu’on déteste

Mes (petits) talents culinaires s’expriment surtout dans la fabrication de douceurs, comme vous l’aurez noté si vous suivez un peu ce blog. Pourtant, je ne suis pas du genre à me nourrir de sucreries à longueur de temps. En plus, dans le registre sucré, je me passe parfaitement bien de tout un tas de choses. Entre autres :

– les gros gâteaux, ceux qui ‘accumoncellent’ les strates, style génoise alternant avec des couches de crème (au beurre, tant qu’à faire) ou de confiture, le tout surmonté d’une superbe meringue ou de chantilly. Ce genre de pâtisserie m’écœure dès la deuxième bouchée.

– les desserts gélatineux. Désolée pour Cléa, Mercotte et toutes les virtuoses du dessert-au-verre-tout-léger-et-qui-tient-tout-seul : ces choses gélifiées ont beau être jolies à voir et plus aériennes que les gâteaux à la crème, mon gosier ne leur trouve aucun charme.

– les bonbons (en plus ça me donne des aphtes).

Dans la première catégorie, il y a un truc de saison que je n’aime pas du tout (vous me voyez venir ?), c’est la bûche de Noël. En épousant un homme d’origine polonaise, j’ai découvert une merveilleuse alternative à la bûche : le makowiec (prononcez ma-ko-vietz).

Il s’agit d’un biscuit brioché (ou non, ça dépend des recettes) roulé et fourré avec une farce au pavot. C’est par excellence le dessert de Noël en Pologne. Mais on trouve des roulés au pavot à peu près partout en Europe centrale et orientale. Avant de découvrir le makowiec, je connaissais déjà d’autres formes de pâtisseries à base de pavot. Lorsque j’habitais dans le 3e arrondissement (il y a assez longtemps… au début de mes études…) je passais régulièrement rue des Rosiers pour m’offrir une part de ces merveilleux gâteaux au pavot.

Ce sont mes beaux-parents qui m’ont fait découvrir le makowiec : j’ai tout de suite adoré, si bien qu’à une époque, chaque fois que nous allions leur rendre visite (et pas qu’à Noël, donc), il y en avait au menu.

Makowiec (roulé au pavot polonais)

 

Pour la pâte :

– 250 g de farine
– 75 g de sucre
– 1 œuf entier + 3 jaunes
– 75 g de beurre
– 5 cl de lait
– 1 sachet de levure de boulangerie ou 20g de levure fraîche

Pour la farce :

– 250 g de graines de pavot
– 1 œuf entier + 1 blanc
– 25 g de beurre fondu
– 1 cuillère à soupe d’essence de vanille
– 4 cuillères à soupe de zestes d’orange confits en petits dés
– 40 g de petits raisins de Corinthe que l’on aura fait gonfler
– 25 g de noix ou d’amandes moulues
– 100 g de sucre

1. Faire tremper les graines de pavot (étape indispensable pour ramollir les graines ; peut se faire la veille) : ébouillanter les graines de pavot dans une grande casserole remplie d’eau pendant 5 minutes. Retirer du feu et laisser gonfler au moins 2 heures. Egoutter soigneusement à l’aide d’une étamine ou d’un torchon propre. Mixer longuement les graines de pavot pour les faire éclater : cette opération est un peu pénible car elle prend du temps, car les graines sont très petites (utiliser un mixeur plongeant ou un blender). Réserver.

2. Préparer la pâte : délayer la levure dans le lait tiédi (pas chaud sinon l’action de la levure ne se fera pas). Mélanger à un peu de farine, puis ajouter le reste de farine, le sucre, le beurre à température ambiante, l’œuf et deux jaunes d’œufs (garder le 3e pour dorer la pâte au moment d’enfourner). Former une boule qui doit être souple mais pas collante, sinon ajouter encore un peu de farine. Couvrir et laisser reposer la pâte à 23°C-25°C pendant 2h.

3. Préparer la farce au pavot : mélanger les graines de pavot mixées avec le sucre, le beurre fondu, l’œuf et les blancs, la vanille, les raisins secs, les écorces confites et les amandes ou les noix moulues.

4. Farcir la pâte : Préchauffer le four à 160°C. Dégazer la pâte et l’étaler sur 1 cm de hauteur environ. Elle ne doit pas être trop fine sinon la farce fera éclater le gâteau à la cuisson. Etaler la farce au pavot sur la pâte en laissant 2 cm sur les bords. Rouler sans trop tirer sur la pâte pour ne pas la fragiliser. Souder les bords. Dorer le dessus avec un jaune d’œuf mélangé à un peu de lait. (On peut utiliser une feuille de silicone, ou un torchon) qui facilitera le roulage et le transport de la pâte jusqu’au four).

5. Faire cuire le makowiec environ 40 minutes. Pour éviter qu’il ne s’affaisse sous le poids de la farce on peut l’enfermer dans une feuille de papier cuisson fermée par des épingles (prévoir large car il va gonfler un peu) ou le déposer dans un moule à cake (mais il risque de prendre une forme un peu carrée).

Ce roulé est un peu long et délicat à réaliser mais le résultat en vaut la peine…

Pour parfaire la présentation, on peut confectionner un glaçage avec du blanc d’œuf et du sucre glace (1 blanc légèrement fouetté avec 200g de sucre glace), et ajouter des écorces d’orange et des cerneaux de noix.

Enfin, on sert le makowiec avec un peu de chantilly (si on aime) ou une crème anglaise, et une bonne tasse de thé.

Petit truc : si on est pressé (parce qu’il faut bien reconnaître que la préparation de la farce est un peu fastidieuse), on peut toujours acheter une boîte de conserve avec du pavot tout prêt (y compris les écorces d’orange etc.) :

Je ne sais pas si on en trouve à Paris. Sans doute que si, si on cherche bien. Ma belle-mère achète cela dans le Nord de la France, où l’immigration polonaise a été importante et où la tradition du makowiec, rebaptisé “macotch”, est très vive. Cette préparation au pavot toute prête est bien pratique, mais il faut reconnaître que c’est moins bon que le “fait maison”.

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Je vous souhaite à tous un Joyeux Noël

… et vous offre un peu de rêve d’enfance, avec cette vitrine d’un grand magasin de Munich…

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