Une douceur polonaise (placek) pour oublier l’envers (enfer?) du décor BnF

Lorsque je dis que je travaille à la BnF, les gens m’imaginent dans un univers fait de grands espaces à l’atmosphère feutrée, arpentant des salles aux boiseries exotiques et aux couleurs chaudes, foulant d’épaisses moquettes couleur écureuil.

En réalité, les coulisses de cette maison offrent un décor nettement moins réjouissant. Un univers en noir-blanc-gris, du béton brut, des bureaux parfaitement impersonnels, un mobilier froid et métallique, des dédales angoissants où percent d’étranges bruits de machines, des bips de lecteurs de badge et des claquement de portes (lourdissimes), où résonne le pas pressé du personnel en perpétuel déplacement.

Juste derrière les salles de lecture… on se croirait dans un parking souterrain, avec des balises qui permettent de ne pas « rater » l’accès aux ascenseurs qui montent dans les tours (sinon, on peut les chercher longtemps).

 

Mon chef m’a demandé récemment si je m’adaptais à cette « horrible architecture » (sic), étant donné qu’avant j’avais toujours travaillé dans les bâtiments pluriséculaires que sont l’Arsenal et le quadrilatère Richelieu. Comme je suis polie et timide (sans doute plus timide que polie, en fait), j’ai répondu qu’il n’y avait pas que des inconvénients à travailler dans un endroit moderne. D’ailleurs, je le pense vraiment. Ce qui ne m’empêche pas de trouver cet univers digne d’un film de Jacques Tati.

La cantine du personnel est aux antipodes de mon bureau et si peu avenante (les espaces comme la nourriture) que je ne m’y rends que rarement. Les (bonnes) adresses aux alentours ne manquent pas, mais on ne peut tout de même pas se nourrir tous les jours au tarif Eric Kayser ou Lenôtre, surtout avec un salaire de fonctionnaire de l’Education nationale… Mais l’offre s’est plutôt calquée sur le pouvoir d’achat des cadres des entreprises implantées dans ce tout nouveau quartier.

J’ai donc repris de vieilles habitudes : emporter de quoi survivre à de longues journées de travail (d’où mon absence sur le blog… due aussi à de petits tracas personnels). Cela a commencé par du bon thé en feuilles (indispensable pour me réchauffer lorsque la climatisation s’emballe…) : un Puits du Dragon (Long jing) et un Darjeeling de printemps. Mes préférés en journée.

Sont venus ensuite du chocolat noir, quelques caramels bretons au beurre salé, offerts par P. donc soigneusement planqués dans mon tiroir ;-)… Non je plaisante, je partage avec mes collègues (parfois). De temps à autre, j’emporte un panier repas complet. Mais manger dans son bureau, face à deux collègues qui tapent frénétiquement sur leur clavier, il y a plus sympa. Et l’esplanade est décidément trop froide et ventée, malgré le beau soleil qui brille ces jours-ci. Enfin, on ne peut pas tous les jours aller embêter les copines  en salle de lecture, surtout quand il s’agit de déserter la BnF pour un après-midi macarons 😉 (la grève des transports a bon dos !!)

Pour accompagner la tasse de thé du milieu de l’après-midi et en cas de gros besoin de réconfort, rien ne vaut une bonne tranche de placek. Le placek est une spécialité polonaise, une pâte briochée qui ressemble un peu au kouglof alsacien, et que l’on recouvre d’un « Streusel » qui fait toute la différence !

Placek (recette de base)

Pour environ 6 personnes :
Préparation : 30 minutes
Repos : 2 heures
Cuisson : 20 à 30 mn

– 500g de farine + 100 g pour le streusel
– 125 g de beurre + 50 g pour le streusel
– 125 g de sucre + 50g pour le streusel
– 1 gousse de vanille ou le zeste râpé d’un citron
– 2 sachets de levure de boulangerie déshydratée (enfin, le poids pour 500g de farine… chez moi ça faisait 2 sachets) (on peut employer de la levure fraîche, évidemment)
– 2 œufs + 2 jaunes
– 125 g de raisins secs (que l’on peut remplacer par des pommes, prunes, abricots, voire des pépites de chocolat si on aime…)
– 20 cl de lait
– 5 cl d’eau tiède
– 1 bonne pincée de sel

1. Faire fondre le beurre, le sucre et le sel dans le lait, à feu très doux, sans faire bouillir.

2. Dans une jatte, délayer la levure dans l’eau tiède. Ajouter les œufs et les jaunes légèrement battus, les raisins secs (ou les fruits), la vanille ou le citron, puis la farine et la matière grasse.

3. Pétrir la pâte environ 10 minutes au robot ou 1/2 heure à la main.

4. Laisser reposer 1h à 1h30 dans un endroit chaud.

5. Au bout de ce temps, la pâte aura doublé de volume, malaxez-la légèrement pour la dégazer, et répartissez-la dans un grand moule à manqué à bords hauts, ou dans deux moules à cake, selon votre préférence (vous pouvez aussi utiliser des moules à briochettes individuelles, mais ce n’est pas une présentation traditionnelle).

6. Confectionner le streusel en méangeant à la main la farine, le beurre et le sucre restants. Répartir ce streusel sur la pâte briochée en l’enfonçant légèrement avec les doigts pour qu’il adhère bien. Laisser de nouveau reposer 30 mn et, pendant ce temps, préchauffer le four à 210°C.

7. Enfourner et laisser cuire pendant environ 20 à 30 mn en surveillant la cuisson (moins si vous optez pour des moules individuels). Le dessus doit être légèrement doré, et une lame de couteau enfoncée dans le placek doit ressortir propre.

Déguster tiède ou froid. Comme toute pâte levée, le placek a tendance à sécher assez vite, il faut donc le manger dans les 48 heures… Croyez-moi, vous n’aurez aucun mal !!

Après un premier placek en forme de cake, j’ai refait des versions miniatures dans des moules à briochettes (plus pratiques à emporter à la BnF !). Dans certains placeks, j’ai mis des pépites de chocolat (mais pas de streusel) parce que nous avions des enfants en visite à la maison. Moi, je préfère la version avec le streusel, c’est cela qui fait tout le charme de cette viennoiserie. Sinon, au lieu des raisins secs, il est fréquent en Pologne de trouver des cubes de pomme ou des quartiers de prunes, ou encore des abricots…

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