L’arbre emblématique du Sénégal, le seul qui survit sans problème dans une végétation de plus en plus clairsemée, presque entièrement anéantie par les troupeaux et la nécessité de trouver du bois de chauffage, quand elle n’est pas déracinée et abattue pour construire des routes à quatre voies en plein centre ville…
Le baobab a une chance, c’est que son bois est inexploitable, cela l’a certainement préservé de la disparition. Son tronc est creux, spongieux et fibreux. On ne peut rien en faire. Ça ne brûle pas, ça ne peut pas servir en menuiserie. Jadis on y enterrait les griots (les troubadours locaux), “caste” interdite de cimetière comme l’étaient autrefois nos comédiens. Il y a, au Sénégal, des forêts de baobabs. Attention, ne croyez pas que ces forêts ressemblent d’une quelconque manière aux nôtres, hein ? C’est un peu moins vert et plus clairsemé que la forêt de Brocéliande, mais c’est beau et impressionnant, quand même…
Cet arbre étonnant et magnifique est loin d’être totalement inutile. Emblème du pays, il est partout, sur tous les insignes. Même sur Orange Sénégal ! Y a que les “footeux” qui ont préféré un autre symbole, le lion, pour leur équipe. Evidemment on comprend que le lion bondissant et rugissant soit plus à même de représenter ce sport qu’un baobab planté au même endroit depuis des siècles ;-))).
Même si il y a belle lurette qu’on n’a plus vu de lion dans ce pays, le braconnage étant un vrai problème y compris et surtout dans les réserves, puisqu’il n’y a que là qu’on trouve encore quelque gibier de grande taille. D’où le récent classement par l’UNESCO du parc du Niokolo-Koba comme “patrimoine en péril”. Voyez ce site d’information qui pour une fois n’est pas la voix de son maître… L’article suscite d’ailleurs quelques débats sur le rôle des dirigeants et des fonctionnaires de ce pays…. Quant au lion, à part dans l’équipe de foot sénégalaise, on le trouve comme emblème d’un ordre qui est l’équivalent de notre Légion d’honneur… (toutes mes excuses pour le choc que peut provoquer cette juxtaposition entre foot et légion d’honneur ; mais comme vous savez on être dans la baballe favorise parfois l’accès à la rosette rouge, chez nous… ^^)
On ne peut plus manger de lion au Sénégal, mais on mange couramment du baobab. Enfin, on consomme le fruit et les feuilles. Le fruit (bouye) a une forme plus ou moins oblongue, l’écorce est veloutée et de couleur marron-vert. Il est très apprécié des singes, d’où son appellation de « pain de singe ». La fleur est très jolie mais je ne crois pas qu’on puisse la manger.
Si on ouvre le fruit (il faut le casser avec force) on trouve une grande quantité de petits dés blanchâtres d’allure un peu farineuse. Ils peuvent se consommer tels quels, leur goût est légèrement acidulé. Ils renferment chacun une petite graine noire. C’est ce que vous avez pu voir sur le billet précédent.
La devinette n’a d’ailleurs pas inspiré grand monde, mais Nadia de Paprikas avait la bonne réponse !! Bravo Nadia, tu m’épates une fois de plus !
Trempée dans de l’eau, la pulpe se ramollit, on peut facilement en extraire les petits noyaux noirs. On mixe et on mélange avec du jus d’ananas ou de corossol (parce que seul c’est un peu fadasse quand même), voire du lait concentré, on sucre selon le goût et cela donne le “jus de bouye”, une boisson de couleur claire très indiquée en cas de problèmes digestifs : c’est l’immodium local, répétent les Sénégalais aux toubabs fraîchement débarqués de l’avion et vivant dans l’angoisse d’une débâcle “touristique” ;-))). On peut également faire de la gelée avec la pulpe de ce fruit, cela rappelle un peu la gelée de coing.
Les feuilles du baobab peuvent se consommer bouillies comme des épinards ou servir de fourrage au bétail. Séchées et pilées (« lalo »), elles servent à parfumer la semoule de mil (thiéré avec lalo). Elles ont un goût acidulé et légèrement astringent.
Ce petit précis pas du tout précis sur le baobab étant fait, je retourne à mes cartons… Dernière ligne droite, décollage à 1h jeudi 5 juillet !!