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Une taupe, trois bibliothécaires, une demi-douzaine de financiers

On nous l’avait annoncée « pleine de courage et d’enthousiasme ».

Elle est arrivée la semaine passée, jeune recrue sortant de l’ENSSIB (école formant entre autres les conservateurs de bibliothèque). Le poil raide et court, les yeux perçants derrière deux fonds de bocaux, le teint translucide, le bourgeonnement postpubère. La pauvre, ce n’est pas de sa faute, soyons indulgents…

Elle s’est installée dans le bureau que je partage avec S. (miss « je-glousse-quand-mon-amoureux-m’envoie-un-texto » ayant récemment pris ses quartiers ailleurs). Nous avons donc inauguré un nouveau trio cohabitatif.

Lundi, elle ne nous a pas adressé la parole.

Mardi, un bonjour sec et point à la ligne. Coincée ? De mauvais poil ? Pas très sociable, en tout cas.

Mercredi, je lui annonce une séance de travail avec un collègue de sa promotion, ce à quoi elle répond d’un ton cinglant : « Oh joie » (oui oui  : sans point d’exclamation). Deux ou trois autres réparties de ce type confirment une prédilection pour l’humour givré.

Jeudi, elle n’a toujours pas esquissé le moindre sourire. Elle fait purement et simplement comme si nous n’étions pas là.

Vendredi, nous prêtons moins attention à son attitude qu’à la sombre bestiole au poil ras qui trône sur son bureau. Une peluche ? Un fétiche ? Une pièce de collection ? Je songe tout d’abord à un rat. Aurait-elle poussé le cynisme jusqu’à prendre un rongeur pour animal-totem, elle qui a choisi de travailler dans une bibliothèque ?!

Profitant d’une absence, je m’approche de son bureau pour scruter l’animal plus aisément. Je n’identifie pas la bête de prime abord. Je retourne donc la planche, sûre d’y trouver quelque indice supplémentaire : talpea europea. Je suis nulle en zoologie, mais pas trop mauvaise latiniste. Ciel ! C’est une taupe naturalisée !

Franchement, vous en connaissez beaucoup, vous, des filles qui s’affichent avec une taupe en guise de presse-papier, 5 jours après leurs débuts professionnels ?

Et dire que je vais devoir tolérer cette horrible bestiole placée pile poil dans mon champ de vision pendant encore 1 mois et demi…

*****

Voici une recette qui effacera (je l’espère) le dégoût, l’inquiétude voire l’épouvante que pourrait vous inspirer, chers lecteurs, la première partie de ce billet.

C’est une recette de Sophie Brissaud révélée par Patoumi : des petits financiers dégoulinants de beurre salé et parfumés au matcha. La recette a été allégée lors de son passage chez Mingoumango. J’ai fait passer ces petites douceurs du vert à l’orange, juste pour changer (la version originale au matcha reste un sommet de finesse et de gourmandise, testez les deux tant qu’à faire).

Financiers au beurre salé et à l’orange confite

Pour 6 petits gâteaux environ (quantité obtenue dans des moules à muffins individuels, faute de vrais moules à financiers)

– 100g de beurre demi-sel
– 80g de poudre d’amandes
– 50g de farine
– 150g de sucre glace
– 4 blancs d’œufs
– 50g d’écorces d’orange confites (entières si possible)
– 1 cs de zeste d’orange finement râpé (alternative : qq gouttes d’arôme naturel d’orange)
– facultatif : du colorant orange en poudre ou liquide

1. Préchauffer le four à 180° C.

La recette originale dit faut placer les moules vides dans le four, mais j’ai des moules en silicone, or on m’a toujours dit qu’il n’était pas recommandable de les exposer, vides, à la chaleur du four. Donc je me contente d’enfourner mes moules une fois remplis.

2. Faire fondre le beurre, réserver. Tamiser et mélanger les ingrédients secs : farine, sucre glace, poudre d’amandes. Ajouter les blancs d’œufs, l’arôme d’orange, le colorant si vous en mettez, puis le beurre en filet.

3. Verser l’appareil dans des moules à muffins en les remplissant aux 2/3 (si vous avez des moules à financiers, il n’est pas nécessaire de s’arrêter aux 2/3… d’ailleurs vu leur épaisseur vous auriez bien du mal).

4. Enfourner pour une dizaine de minutes à 180° C. Au bout de 10 minutes, sortir les petits gâteaux du four et disposer sur chacun d’un morceau d’orange confite. Poursuivre la cuisson encore dix minutes environ. Les financiers ne doivent quasiment pas colorer.

5. Laisser refroidir un peu avant de démouler. Laisser sécher à l’air 1 heure avant de les ranger dans une boîte hermétique.

 

Ces financiers doivent pouvoir se conserver un certain temps, vu leur moelleux et leur fondant. Combien, je l’ignore : à moins d’être un peu taupe sur les bords, je ne pense pas que vous puissiez les laisser traîner bien longtemps tellement ils sont divins et tellement ils titillent les papilles (le beurre salé…).

Sur cette base, on peut varier les parfums et les couleurs. Au citron, ils sont excellents, à la cannelle et à la fleur d’oranger, vous en faites une quasi pâtisserie orientale. Au pandan, pour celles qui ont des accointances avec la filière néerlandaise (merci Marion !). Prochainement, je crois que je vais tenter de mettre au point une version au chocolat.

24 heures ailleurs. Soupe de pêches au safran et au romarin

Paris court les soldes. Paris fait ses valises. Paris vit à l’heure des travaux d’été. Paris n’en finit pas de s’agiter. Et les blogueurs parisiens (ou non) se mettent à l’heure du pique-nique.

D. a compris ma lassitude, elle m’a offert quelques heures de paix, loin de cette ambiance oppressante.

Nous avons écouté de la musique, parlé enluminure et auteurs antiques, feuilleté des livres de cuisine. D. a préparé un tajine de poulet aux pruneaux et à la fleur d’oranger à la manière de Fatéma Hal. Nous avons partagé un « petit cœur »* ultra crémeux. Je suis repartie avec salade, courgettes, rhubarbe, confitures. Le corps reposé, l’âme sereine.

C’est fou comme la vie peut être différente, à 40 minutes de la Gare de Lyon.

Hortus floridus

Lavande et capucine

Marché à domicile

Fior di zucca

Tourbillon de fraîcheur

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Après la monomanie sernik, je suis passée à des envies plus fruitées : comme j’aime les fruits d’été plutôt nature, cela ne fournit pas toujours matière à recettes. Heureusement, il y a aussi les confitures, les tartes, les compotes.

L’Homme était parti en voyage, il y a trois jours, en suggérant de transformer un surplus de pêches en soupe. La soupe, c’est une idée que j’aime bien. Mieux que la compote, en tout cas.

La soupe fut improvisée pour son retour : pêches jaunes, safran, miel et romarin. Une association délicate qui ne gâte pas le parfum naturel des fruits, à condition d’avoir la main légère sur les accessoires…

Soupe de pêches au safran et au romarin

Pour 2-3 personnes :

– 4 pêches jaunes mûres à point mais pas trop (les blanches sont moins indiquées dans la mesure où elles se défont très vite à la cuisson)

– 30 cl d’eau

– 4 à 6 c. à soupe de miel de romarin (selon votre appétence pour le sucré… et selon les pêches)

– quelques aiguilles de romarin frais

– 1/2 capsule de safran en poudre (ou 5-6 filaments : restez raisonnable, sinon ça peut tout gâcher)

Portez l’eau, le miel, le safran et les aiguilles de romarin à frémissement. Ajoutez les pêches détaillées en quartier (éventuellement épluchées, mais je ne trouve pas que ce soit indispensable).

Laissez cuire à tout petits bouillons jusqu’à ce que les pêches soient juste tendres (pas défaites). Versez le tout dans un saladier et laissez refroidir, puis mettez au réfrigérateur au moins 3h avant de servir, de façon à ce que la soupe soit bien fraîche.

* Mélange de fromage frais type petit-suisse et de crème fraîche épaisse, moulé en forme de cœur : une spécialité d’autrefois, largement oubliée aujourd’hui, mais que certains fromagers pratiquent encore… à 40 km de Paris (si quelqu’un repère ça dans la capitale, qu’il me prévienne : il suffit d’y goûter une fois pour être accroc. Dommage pour la culotte de cheval…)

Le sernik, déclinaison polonaise du cheesecake (avec un lamento sur le bruit à Paris)

Un sentiment permanent d’agression sonore me fait détester peu à peu la vie parisienne. Plus les journées s’allongent, plus il fait chaud, plus les nuits sont bruyantes. Impossible de dormir paisiblement. Au réveil, je maudis la voix claironnante de Nicolas Demorand sur France Inter. 

De 7h à 8h, tous les jours, le chien de la voisine se met à aboyer. Dix mois que ça dure. Si j’étais chinoise, j’aurais déjà transformé cet affreux toutou en ragoût. 

Je vais travailler en vélo parce que cela m’évite d’attendre le bus 89 sur le quai d’Austerlitz, ce qui est plus dangereux pour le tympan que d’écouter son baladeur MP3 à fond le potard. 

Le personnel de ménage qui vient vider les poubelles des bureaux, entre 8h45 et 9h15, se croit obligé de claquer les portes les unes après les autres. 

50 fois par jour, je fixe l’écran de mon ordinateur pour ne pas fusiller du regard les collègues avec qui je partage 15 m3 d’espace de travail. L’une pousse des gloussements de vierge effarouchée chaque fois qu’elle reçoit un appel de son amoureux (c’est à dire 10 fois par jour environ). L’autre expose 40 fois par jour, au téléphone, la noble mission que la BnF lui a confiée. 

J’essaie d’imaginer ce qu’elles me reprochent de leur côté : sans aucun doute, les arpèges incessants de mes doigts sur le clavier de l’ordinateur. 

Quand je suis seule dans le bureau, j’essaie d’ignorer la soufflerie de la climatisation, le grésillement des néons et le ronronnement des unités centrales. 

Récemment, une collègue qui semble m’apprécier m’a invitée à la retrouver à la cantine (je n’y mange jamais parce que c’est un vrai hall de gare) à 11h30 (les déjeuners précoces me paniquent). Je n’ai pas osé dire non, ça m’a obsédée toute la matinée, pour finir j’ai attendu 11h40 et je me suis défilée sous un prétexte minable. Elle m’a rappelé deux fois depuis mais je n’ai pas décroché le téléphone (heureusement la sonnerie est douce). C’est grave, je sais. 

Tous les soirs, vers 18h, lorsque les bureaux commencent à se vider, une collègue marseillaise, forte en gueule et peu matinale (donc vespérale) me fait profiter de l’intégralité de ses conversations personnelles à travers la cloison du bureau. 

Tous les vendredis soirs, le boulevard où j’habite est saturé de gens qui tentent de quitter Paris pour trouver… un peu de calme à la campagne. Klaxons, sirènes, coups d’accélérateur rageurs, vrombissement des ventilateurs, c’est un véritable festival de musique concrète

Je n’ai jamais autant désiré la solitude, le silence, tout au moins le calme. Parfois je rêve d’aller faire une retraite dans un monastère. Mais je change vite d’avis : les moines du XXIe siècle chantent comme des casseroles !

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Depuis notre virée polonaise, je vous avais promis une recette de sernik, ce gâteau à base de fromage frais qui ressemble vaguement à un cheesecake : sernik n’est que l’une des nombreuses appellations données aux gâteaux à base de fromage que l’on confectionne dans les pays d’Europe centrale et orientale : Käsekuchen, Quarkkuchen, Quarktorte, Matzkuchen, Vatrouchka…

La plupart du temps, ces spécialités sont plus légères que le cheesecake new-yorkais parce qu’on utilise principalement du fromage blanc, qui, même après un sévère égouttage, ne saurait prétendre à l’onctuosité du cream cheese.

Inconditionnelle de la méthode new-yorkaise, je me laisse cependant volontiers tenter par les gâteaux et tartes au fromage blanc à la mode germano-slave. Du moment qu’ils ne sont pas trop mousseux ni, à l’inverse, plâtreux, je leur trouve beaucoup de charme et de fraîcheur.

La recette que j’ai fini par adopter est née d’approximations successives. Elle m’a permis de retrouver le goût et la consistance du sernik ‘de base’, c’est-à-dire sans fioritures, tout au plus quelques raisins secs et un zeste de citron ou des écorces d’orange, et surtout, sans base en pâte sablée ou en biscuits.

J’avais fait un premier gâteau évoquant le sernik (en version très hérétique !) avec le dolce di limone alla ricotta, il y a bien longtemps maintenant, lorsque nous étions à Dakar.

Depuis, j’ai essayé des recette polonaises, par exemple celle d’Anna (mais sans pâte à la base). Pas de chance, le paquet de fécule de pommes de terre m’a échappé des mains, j’en ai mis beaucoup trop, impossible de retirer tout l’excédent. D’où un résultat assez pouf pouf.

Au lieu de recommencer à partir de la recette d’Anna, je me suis inspirée d’une autre version, celle de Cannelle et chocolat (toujours sans base, et avec des griottes au lieu des raisins secs, quelle indiscipline !). J’ai trouvé le résultat était trop mousseux (5 blancs d’œufs en neige !) et trop humide (fromage blanc en faisselle pas assez égoutté).

Je suis ensuite revenue à la recette d’Anna, réalisée avec du twarog au lieu du fromage blanc : c’est une sorte de caillé très égoutté dont la consistance est un peu granuleuse, entre la ricotta italienne et le cottage cheese. On en trouve aussi bien dans les épiceries polonaises* que russes.

L’option twarog ne m’a pas convaincue. Il faut mixer très longuement pour lisser la consistance du fromage. Le résultat était à nouveau un peu plâtreux. D’ailleurs, dans le livre de cuisine polonaise que j’ai rapporté, la plupart des serniks sont faits non pas avec du twarog, mais avec un simple fromage blanc égoutté.

Nouvel essai, retour au fromage blanc en faisselle, égouttage digne de ce nom : on passe d’1kg à un peu plus de 400g en 24h. J’ai ajouté, pour le moelleux et pour la petite pointe de sel (très discrète) que j’aime dans les cheesecakes, quelques portions de kiri (because no cream cheese in the fridge). J’ai mis 3 œufs entiers, plus un jaune, et je n’ai battu qu’un seul des trois blancs en neige pour ne pas incorporer trop d’air à l’appareil. Ce n’est peut-être pas très catholique, mais ça marche : l’allure et le goût sont ceux d’un parfait petit sernik polonais.

Sernik 

 

Pour un (petit) moule à charnière de 20 cm de diamètre :

– 437g (très exactement !) de fromage blanc en faisselle à 43% de m.g. égoutté 24h

– 60g de kiri (soit trois portions) 

– 80g de sucre en poudre 

– 2 œufs entiers + 1 œuf blanc et jaune séparés + 1 jaune 

– 30g de fécule de pommes de terre 

– 50g de raisins secs préalablement mis à tremper dans un mélange eau-rhum (idéalement, la veille) 

– le zeste finement râpé d’un demi citron jaune ou 30g d’écorces d’orange confites 

– 20g de beurre fondu + 20g pour le moule. 

1. Préchauffer le four à 200°C.

2. Mixer les fromages, ajouter 2 œufs entiers + 2 jaunes (réserver un seul des deux blancs restant), le sucre et la fécule, le jus de citron, le beurre fondu, le zeste du 1/2 citron, les raisins secs égouttés et séchés.

3. Battre le blanc d’œuf en neige avec une pincée de sel. Incorporer l’appareil dans le blanc en neige en remuant longuement mais délicatement. 

4. Dispoer une feuille de papier sulfurisé au fond du moule à charnière démonté, puis installer la charnière de façon à coincer la feuille et à la tendre. Graisser généreusement le fond tapissé de papier sulfurisé ainsi que les bords internes. Verser l’appareil.

5. Enfourner pour 45 à 50 minutes. Lorsque le sernik aura pris une couleur assez foncée sur le dessus (après environ 20 minutes de cuisson), couvrir avec une feuille de papier aluminium. Avec un four à chaleur tournante, 40 minutes de cuisson peuvent suffire, avec un four traditionnel, il faut prévoir jusqu’à 50-55 minutes (le dessus doit être ferme, contrairement au cheesecake).

6. Laisser refroidir complètement avant de démouler délicatement. Réserver au moins 24 heures avant de consommer. Le sernik va se tasser un peu, c’est normal. Il n’en sera que meilleur.

*Quelques adresses d’épiceries polonaises à Paris :

– Adriana et Margot 14 rue des Goncourt 75011 Paris

– Petrus Sklep 9 rue de Chevreul 75011 Paris

– Chez Krakus : dans le 20ème arrondissement, croisement entre la rue Pelleport et la rue Belgrand (je n’y suis pas allée depuis longtemps, j’espère que le magasin existe encore).

– La petite Pologne, 32 rue Bichat 75010 Paris + magasin en ligne (livraison sur Paris et la proche banlieue seulement).

Quand Mingou rend visite à Kriskou. Pasta (mortale !) & tartelettes

Que font une Mangue et une joueuse de casseroles quand le devoir retient leurs chères moitiés loin du nid ? Elles se retrouvent pour une soirée « Dînette et papotage ».

Pas n’importe quel papotage : celui d’une syntacticienne et d’une musicologue. Rassurez-vous, elles ne font pas qu’enrichir leur vocabulaire de mots bizarres. Elles parlent aussi des choses de la vie. Elles se laissent aller à des confidences parfaitement futiles. Par exemple, des histoires d’astrologie chinoise.

Kriskou et Mingou
卧虎藏龙
Wò Hǔ Cáng Lóng
Tigre et dragon*

* Mingou et Kriskou / Dragon et Tigre seraient plus polis, j’en conviens. Mais « Tigre et Dragon » est plus évocateur que « Dragon et Tigre ». Que Mingou me pardonne. J’espère au moins qu’il n’y a pas de fautes de chinois là dedans…

Revenons à des choses plus sérieuses. Mingou et Kriskou, donc, se mitonnent un dîner sympa. Loin d’elles la sophistication d’un menu triplement étoilable. Les meilleures choses sont (souvent) les plus simples. Dragon-Mingou et Tigre-Kriskou s’entendent très bien sur ce point (et sur d’autres).

Pour commencer : pasta alla Kriskova ! Une salade d’orecchiette aux accents méridionaux, une salade qui carresse les papilles dans le sens du poil (poil ? Euh ? non z’é pas de seveux sur la langue). Un basique tellement fait et refait que je n’avais jamais songé à en publier la recette. D’après Mingou, la chose est « trop mortelle » : elle n’est pas la seule à l’apprécier, d’ailleurs, son Poulet en redemande, à ce qu’il paraît. Voilà donc une idée de pasta qui mérite, finalement, d’être propulsée sur la blogosphère.

Je sais, sur la photo, ce ne sont pas des orecchiette mais des farfalle : car le soir où Mingou est venue dîner chez Kriskou, l’appareil photo est resté sagement dans son étui. J’ai dû refaire une pasta pour le billet, et je n’avais plus d’orecchiette dans mes placards !

Pasta alla Kriskova

pour 4 à 6 portions en plat principal

– 300g de pâtes au choix : orechiette, mezze penne, farfalle, fusilli conviennent particulièrement bien (éventuellement des pâtes multicolores)
– 100g de tomates confites
– 100g de poivrons rouges, jaunes et verts grillés et pelés
– 100g d’aubergines grillées en morceaux
– 30g de pignons de pin
– 80g de coppa di Parma en tranches fines

Pour la sauce :
– huile d’olive
– vinaigre balsamique blanc
– piment d’Espelette (1 cc rase environ)
– 1/2 petite gousse d’ail frais ou nouveau (allez-y mollo, pour le goût de la salade comme pour votre haleine)
– 1 branche de basilic frais

1. Pour la salade, on mélange le tout. Etonnant, non ? 😉

2. Pour la sauce : on écrase un peu les feuilles de basilic dans un mortier, on ajoute l’ail passé au presse-ail, le piment d’Espelette et un peu de fleur de sel. On verse huile et vinaigre (disons 3 cs d’huile et 1 de vinaigre environ). On assaisonne la salade de cette sauce et on réserve au frais moins 1h avant de déguster.

Les « secrets » de cette salade tiennent à peu de choses, mais il faut quand même être attentif à certains détails :
– la cuisson des pâtes : 1 min. de moins qu’indiqué sur le paquet, ensuite on égoutte et on passe la passoire sous un filet d’eau froide pour stopper la cuisson. Cela permet d’éliminer un peu d’amidon, les pâtes colleront moins en refroidissant. On assaisonne tout de suite avec un peu d’huile (ceinture et bretelles). C’est bête mais c’est une garantie contre les pâtes trop cuites, trop ramollies, trop collées.

– le vinaigre balsamique blanc, tout en rondeur, légèrement sucré, et pourtant tonique (et tant pis si ça vous coûte un bras et une jambe comme diraient les Brittons).

– la qualité de l’huile d’olive. Je l’ai déjà dit cent fois (enfin, deux ou trois fois au moins) dans ce blog, ça fait une énorme différence. Par pitié, oubliez les huiles acides, oxydées, les mélanges standardisés de votre supermarché, tout « huiles d’olive vierge extra première pression à froid » qu’elles soient. Offrez-vous de l’huile d’olive, de la vraie, chez un marchand spécialisé. J’aime à la folie celles extraites des variétés Frantoio (Toscane, entre autres) ou Coratina (sud de la Botte), elles ont un nez un peu herbacé, une saveur puissante sans âcreté, sans amertume. A réserver aux préparations froides, la cuisson les dénature.

– les tomates : confites plutôt que séchées (plus charnues et moins acides).

– les légumes grillés tels que les aubergines ou les poivrons peuvent être achetés surgelés. Les faire décongeler au préalable sinon ils risquent de rendre de l’eau et de détremper les pâtes.

– la coppa et les pignons : grillés à sec à la poêle (séparément of course) c’est encore meilleur.

– si vous n’êtes pas réfractaire au fromage, sublimez le tout de quelques bocconcini di mozzarella di bufala ou de quelques copeaux de parmiggiano.

Après cette pasta, Mingou et Kriskou ont dévoré d’adorables tartelettes aux framboises garnies d’un macaronage rose tendre. Des tartelettes dont j’attends avec impatience la recette pour les faire goûter à une jeune fille momentanément privée de l’usage du bras gauche, que nous avons recueillie à la maison pour quelques semaines. Les tartelettes de Mingou ne devraient pas déplaire, et devraient pouvoir se déguster d’une seule main 😉

Bon, je vous laisse, je file chez elle récupérer la recette et admirer les photos !

L’incomparable pâte de Michalak : tartes aux fraises des bois

Vous l’avez deviné, point de pandan dans ce billet ! A l’approche de la fête des mères, je ne me voyais pas cuisiner en vert. Surtout depuis que Brigitte m’a conseillé de ne pas trop forcer sur l’or vert, les feuilles de son jardin n’étant pas tout à fait de la même variété que le pandan asiatique, on ne sait jamais, c’est pas du poison mais tout de même !

Il fallait du rouge. Donc des fraises, ou éventuellement des cerises. Quelque chose de simple et pourtant très bon, quelque chose de saison.

Je n’ai pas poussé la tendance tradi jusqu’à vous proposer un fraisier. Ce n’est pas du tout mon truc, le fraisier. Ni techniquement (j’ai pas un CAP de pâtisserie, moi), ni gustativement. Comme tous les gâteaux à la crème, rien que de les voir, ça me plombe l’estomac. Vous pouvez toujours essayer de me dire que je me trompe, que le fraisier, c’est léger. Je ne vous croirai pas. Une vraie tête de mule.

En plus de ça, je suis une fille ingrate, une épouvantable égoïste. Car je suis à peu près sûre que ma mère serait ravie d’avoir un fraisier pour dimanche. Mais il n’y aura pas de fraisier, car je ne sais pas cuisiner ce que je ne mange pas (entre autres, au grand dam de mon homme, la mousse au chocolat).

Fort heureusement, on ne me l’a pas explicitement réclamé, le fraisier… 😉

********

J’ai cuisiné ces tartelettes il y a un petit moment déjà… et je tenais absolument à vous les présenter. Elles ont été l’occasion de tester une recette de pâte sucrée qui tue (j’exagère bien sûr, puisque je suis encore là pour vous en parler). Rien à voir avec la pâte sablée de la ménagère de base que je fais depuis des années (très bonne au demeurant, voir ici).

Cette pâte est celle d’un vrai pâtissier, Christophe Michalak. Je l’ai repérée chez Mamina, qui l’avait trouvée . C’est un rêve de pâte sablée. Une pâte tout en finesse, croquante à souhait.

La garniture est une crème aux amandes parfumée à la vanille et additionnée de mascarpone, avec des fraises crues par-dessus, et une touche de confiture, juste pour l’effet glossy.

Enfin j’ai utilisé des fraises des bois parce que j’en trouve régulièrement au marché d’Aligre (et elles ne viennent pas d’Espagne !) mais avec des maras des bois, par exemple, c’est parfait aussi. Et sans doute un peu moins ruineux.

Tartelettes vanille-amande et fraises des bois

Pour la pâte sucrée de Christophe Michalak (proportions pour 6 à 8 fonds de tartelettes)

– 190g de farine

– 20g de fécule de pommes de terre

– 90g de sucre glace 

– 130g de beurre bien froid (salé pour moi) 

– 35g de poudre d’amandes 

– 1 œuf de 50g (pesé sans la coquille)

Pour la crème vanille-amande (proportions pour 8 tartelettes) 

– 120g de poudre d’amandes

– 2 œufs 

– 60g de beurre 

– 1 gousse de vanille 

– 80g de sucre 

– 2 c. à soupe de mascarpone (pour le moelleux…) 

Et puis aussi (toujours pour 4 tartelettes) :

– 500g de fraises des bois ou de maras des bois (ou d’une autre variété de fraises)

– 12 c. à soupe de confiture de fraises (ne prélevez que le sirop en laissant les fruits de côté)

1. Tamiser la farine, la fécule et le sucre glace. Couper le beurre et le travailler à la main. Ajouter l’œuf.Attention, c’est une pâte qui ne se met pas en boule très facilement, si l’œuf pèse plus de 50g, il vous faudra sans doute rajouter de la farine pour obtenir une consistance suffisamment ferme. Si vous le pouvez, pesez l’œuf, battez-le légèrement pour mélanger blanc et jaune et n’en gardez que 50g.

2. Lorsque tous les ingrédients sont mélangés, former une boule, filmer et stocker au minimum 1 heure au réfrigérateur avant utilisation (pour moi toute une nuit).

3. Préchauffer le four à 180°. Etaler la pâte sur une hauteur de 2 mm environ, et la piquer à l’aide d’une fourchette. Travailler rapidement, la pâte en se réchauffant devient vite très (trop) molle…

4. Foncer des moules à tartelettes, garnir de haricots ou de billes de céramique, et faire cuire à blanc une dizaine de minutes.

5. Pendant ce temps, préparer la crème vanille-amandes. Mélanger le beurre mou, le sucre, les graines de la gousse de vanille et la poudre d’amandes. Incorporer l’œuf battu. Verser l’appareil sur les fonds de tarte, remettre au four une dizaine de minutes, la crème doit être juste prise (la durée de la cuisson varie grandement d’un four à l’autre). Laisser refroidir complètement, puis démouler les tartelettes.

6. Disposer les fraises en rosace par-dessus, selon votre humeur (j’aime bien mettre une première couche en les écrasant un peu pour qu’elles recouvrent bien la crème amandine, puis faire une deuxième couche sans écraser les fruits). Faire tiédir le sirop de confiture de fraise et en badigeonner le dessus des tartelettes à l’aide d’un pinceau. Réserver au frais jusqu’au service.

P.S. du 13/05/11 : une autre recette de tarte aux fraises à tomber par terre, avec une crème pâtissière à la vanille, à tester absolument (ici

Si j’avais du pandan, je ferais un marbré pandan-chocolat blanc. En attendant, c’est un marbré… aux colorants.

Je ne participe pas beaucoup aux jeux de la blogosphère. Pas par principe, mais parce que je me sens toujours à côté de la plaque, dépassée. Et puis j’ai un métier auquel je dois consacrer le peu d’inspiration que m’alloue quotidiennement un cerveau monotâche et peu créatif.

Mais quand j’ai vu le jeu lancé par Marion (Il en faut peu pour être heureux…), je me suis dit que si je devais en faire un, c’était celui-là. L’idée est géniale : proposer une recette d’où l’ingrédient vedette est potentiellement absent ! Voilà qui témoigne d’un certain sens de la dérision.

Pour ceux qui n’auraient pas suivi ou qui seraient un peu mous du clic mulotique, l’ingrédient en question, c’est l’extrait de pandan.

Quid ? Allez voir dans Google et tapez « pandan », vous comprendrez vite de quoi il retourne. Du pandan, je ne sais finalement pas grand chose si ce n’est que :
– c’est un truc qu’on extrait des feuilles d’une plante et que c’est très utilisé dans la cuisine du Sud-Est asiatique
– c’est aussi vert que Shrek 

– ce n’est pas la nourriture favorite du panda (malgré la ressemblance entre les deux mots, le panda aime mieux manger du bambou) 

– c’est à peu près introuvable en Europe sauf si l’on adhère à la filière néerlandaise (mais non, c’est pas de la came…)
– on trouve cependant un arôme de synthèse dénommé extrait (ou essence) de pandan dans certaines épiceries asiatiques, mais son plus fin connaisseur dit que c’est un ersatz sans rapport avec le vrai goût du pandan.

Pour le commun des mortels, le pandan reste un produit virtuel (un peu moins virtuel que le seva quand même… ^ ^). Ces modes (ou blagues…) surgissent du néant des cuisines les plus en vue de la Toile et se répandent comme une traînée de poudre (j’vous assure pourtant que c’est pas d’la came…). Elles font du machin le plus exotique et le plus méconnu qui soit un ingrédient phare du consumérisme alimentaire occidental (que personne ne se sente visé en particulier, je ne dis pas cela que pour moi).

Donc moi, Natalia, obsédée culinaire et loseuse patentée en matière de blog, j’ignore tout du goût du pandan. Mais depuis que je sais que ça existe, je suis malheureuse comme la pierre de ne pouvoir m’en procurer.

Quelle frivolité ! Pendant ce temps, les peuples d’Afrique se demandent s’ils vont pouvoir acheter leur prochain sac de riz.

Revenons au jeu de Marion. Si j’avais du pandan, je ferais un gâteau marbré vert et blanc. Avec du chocolat blanc. Et avec une petite touche de seva aussi ;-). Un tout petit peu, là, juste pour compléter la gamme chromatique. Ce serait tellement plus joli…  Cet improbable marbré serait vert, bleu et crème. Parce que le chocolat blanc n’est pas blanc. Même qu’avec les œufs, il devient carrément jaune paille.

Il plairait aux enfants et même aux adultes, sauf les plus conformistes bien sûr. Il intriguerait les curieux, il ne rebuterait pas les foodistas.

En attendant l’Œuvre, qui ne verra jamais le jour (puisque le seva n’est qu’un poisson d’avril et que le vrai pandan est quasi introuvable par ici), voici l’esquisse : avec les couleurs, mais monogustative. Ni pandan, ni seva, que du colorant.

Marbré au chocolat blanc tricolore 

adapté du marbré matcha-chocolat blanc

Pour un moule à cake soit une douzaine de tronches tranches de cake :

– 3 œufs
– 180g de farine
– 125g de beurre allégé (ici du « fleurier » que j’ai eu gratis, c’est pas mon genre d’acheter ces trucs-là, et pas question d’étaler ça sur mes tartines ni de le jeter direct à la poubelle)
– 125g de sucre
– 70g de chocolat blanc
– colorant vert (+ extrait de pandan si on en a)
– colorant noir-violet (avec le jaune de la pâte ça fera du bleu)
– 1 cc de levure chimique

1. Faire fondre le chocolat blanc au bain-marie. Cela prend du temps, et ça colle, c’est normal.

2. Préchauffer le four à 200°.

3. Fouetter le sucre et les œufs entiers dans une terrine. Ajouter la farine et la levure tamisées, le beurre fondu, le chocolat blanc fondu. Bien homogénéiser l’ensemble.

4. Diviser l’appareil en trois parts plus ou moins égales (à vous de voir…). Ajouter dans l’une le colorant vert (+ l’extrait de pandan si on en a), dans l’autre, le colorant noir-violet.

5. Beurrer un moule à cake s’il n’est pas en silicone. Faire trois couches avec les trois couleurs de pâte : j’ai mis dans l’ordre : bleu, vert, crème. (quel que soit votre choix, sachez que la couche du dessous aura tendance à passer sur les côtés et à se retrouver dessus, à la fin).

6. Cuire 10 minutes à 200° puis 30 minutes à 180°, si la cuisson n’est pas terminée au bout de ce temps, éteindre le four et laisser le marbré dans le four éteint un quart d’heure.

Verdict ? Ce gâteau accroche le regard, il est moelleux mais pas humide, fondant mais pas gras. Sa croûte est croustillante (tout au moins dans les heures qui suivent la sortie du four), et on adore son petit goût de chocolat blanc.

En fin de compte, les colorants sont un moyen ludique de relooker les classiques que tout le monde aime. Vous ne hurlez pas au sacrilège quand vous colorez vos macarons ? Alors laissez-vous tenter par les gâteaux aux couleurs artificielles. Testez au passage la finesse des papilles de votre entourage : dites que c’est un marbré vanille-menthe-curaçao. Ou qu’il y a du pandan et du seva. Amusez-vous des réactions… Les gens goûtent avec les yeux plus qu’avec les papilles, bien souvent… Faites une dégustation à l’aveugle ?!

Voilà. Ceci était ma participation au jeu « Si j’avais du panda, je ferais… mais je n’en ai pas ». Avec une recette aussi naze et toutes les conneries que je viens d’asséner, je n’ai aucune chance de gagner un flacon d’essence de pandan. Encore moins l’estime de Marion.

Des macarons à la mangue, en hommage à la Mangue. Pour que l’appétit revienne.

 

De temps à autre certain(e)s culinoblogueur(se)s se désolent de ne rien avoir à dire. En fin de compte cela ne les empêche pas d’écrire de beaux billets, et encore moins de continuer à cuisiner. L’angoisse de la page blanche fait couler beaucoup d’encre, finalement.

Ce qui m’arrive est pire. Forcément, ça n’arrive qu’à moi ;-). J’ai perdu l’appétit.

Il y a quelques jours, j’ai dû subir une petite anesthésie. J’ai bougonné toute la soirée à l’idée de devoir me passer de petit déjeuner le lendemain matin. La perspective du jeûne, obligatoire en pareil cas, m’angoissait bien plus que l’opération (rien de grave). Juste après, malgré une torpeur puissante, je n’ai cessé de m’impatienter (intérieurement) en attendant qu’une aide-soignante apporte la collation annoncée en salle de réveil. Quand la maigre et médiocre pitance est enfin arrivée, j’ai tout dévoré. Et je me suis félicitée d’avoir emporté une petite part de mon pain d’épices préféré. Des fois que…

Depuis, quel changement ! La nourriture m’inspire un vague dégoût. Surtout le sucré. Les confiotes maison me révulsent. Les chocolats que je préfère, ceux de Patrick Roger, m’écoeurent (ne m’en offrez pas, J. serait obligé de les manger tous). Les caramels au beurre salé de la Crêperie Le Masson de Trégunc, affectueusement rapportés de Bretagne par P., sont toujours là, sur mon bureau. Je pourrais pousser le vice jusqu’à bouder une boîte de macarons Pierre Hermé. Sans la moindre frustration.

Ce manque soudain d’appétit ne signifie pas que je ne cuisine pas. Juste un peu moins, en fait. Moins compulsif, plus réfléchi, plus distancié. Ouais, rien que ça. Bon d’accord, non seulement je suis la chieuse qui repousse les chocolats de Patrick Roger, mais je me la joue carrément, là. Faut dire qu’il m’est arrivé un truc fondamental, décisif. J’ai accompli un vrai rite de passage : j’ai fait des macarons. Je veux dire par là que je les ai réussis.

Profitant de quelques heures (jours) de liberté post-opératoire pour renouveler une tentative ancienne mais totalement avortée de macarons parisiens. Remarquez que je m’étais bien gardée de m’en vanter sur ce blog, ne sachant si cela doperait ou au contraire plomberait une popularité déjà misérablement basse, préférant finalement éviter d’ajouter une blessure narcissique béante (due au peu de commentaires laissés sur ce blog) à un déchirement profond de l’amour-propre (dû au ratage du macaron).

Donc j’ai refait (et réussi) des macarons. La marche à suivre, les conseils, tous les trucs et astuces, je les ai empruntés à la Mangue. Sans elle, sans son blog, et sans les macarons auxquels j’ai eu plusieurs fois le bonheur de goûter, je n’aurais sans doute jamais osé tenter l’aventure.

Macarons à la mangue

 

Une première expérience désastreuse (pâte trop liquide, croûtage impossible…) m’a conduite à peser les blancs d’œufs. Ce qui m’a permis de constater que le poids en est assez variable, même au sein d’une boîte au contenu théoriquement calibré. On ne fait pas faire ce qu’on veut à la nature (surtout en matière de reproduction).

En gros, il faut compter entre 30 et 40g par blanc d’œuf. Donc avec trois blancs, cela fait de 90 à 120g. La différence n’est pas négligeable, d’où l’intérêt d’avoir une balance assez précise.

Par rapport à la méthode de la Mangue (elle-même inspirée de celle de Marina de Pure gourmandise), j’ai mis un tout petit peu moins de sucre glace. J’avais trouvé la pâte de ma première fournée un peu trop épaisse. Peut-être n’avais-je pas suffisamment aéré les blancs en les montant en neige ? La 2e et la 3e fournées étaient nettement mieux question consistance. Rien à faire, comme pour tout, il faut un peu d’entraînement.

 

Cela donne les proportions suivantes :
– 100g de blancs d’œufs
– 125g de poudre d’amandes
– 200g de sucre glace (220 chez la Mangue)
– 30g de sucre en poudre
– colorant alimentaire orange (ou rouge + jaune comme ici)

Pour la garniture: confiture de mangues aux fruits de la passion (recette)

Ayant la chance de disposer non seulement d’une balance, mais d’un robot, j’ai mixé finement le sucre glace et la poudre d’amandes avant de tamiser le tout au-dessus d’un grand saladier.

Pour m’aider dans le dressage, j’ai utilisé les gabarits de Marina, comme ça j’ai obtenu des macarons de taille et de forme presque parfaites.

Comme le dit Aurélie (Paslignac), qui a eu le même professeur, c’est la cuisson qui est finalement l’étape la plus délicate. Pour moi, c’était cuit en 10 minutes à 140° pour des macarons de 3,5 cm de diamètre. Au-delà, le dessous a tendance à colorer et les coques deviennent un peu sèches. Si l’on fait plusieurs fournées, il faut redoubler de vigilance, les macarons ont tendance à cuire plus vite. Baisser un tout petit peu le four au besoin.

D’après l’Homme, testeur attitré, qui, lui, ne souffre pas de manque d’appétit, c’était très bon.

Cieux capricieux – divines amandines aux poires

Quand on me demande si la vue est belle de mon bureau, je ne sais que dire. Pas de panorama sur la Seine, à moins de se lover dans un angle tout près de la fenêtre et de tendre un peu le cou. Pas de vue imprenable sur Paris, on n’est qu’au 2e étage (au 18e, c’est mieux, mais il n’y a pas de bureaux…).

Non, la vue n’a rien d’extraordinaire : la tristesse du parvis, la grisaille des tours du 13e arrondissement, les immeubles de verre aux alentours… les voies de chemin de fer, et puis une grue qui vient rappeler que ce quartier de la Rive Gauche est toujours en chantier.

Ce n’est pas tout à fait paradisiaque. Pourtant, j’aime bien travailler dans ce bureau. Les grandes baies vitrées permettent de vivre les moindres caprices du ciel, les plus infimes variations de luminosité et de couleur au fil des heures. C’est une chance : tant de collègues travaillent dans des locaux aveugles, ou donnant sur un vague puits de lumière, au ras du « socle » (les parties à moitié enterrées du bâtiment, entre les tours). Souvent, en sortant du bureau, le soir, je regrette de ne pas avoir emporté mon petit Nikon compact. J’empoigne alors mon téléphone mobile, et j’essaie de saisir ces instants rares…

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Sans transition aucune, voici un dessert très classique qui plaît toujours, du moment qu’il est traité avec soin. Oubliez les pâtes à tarte du commerce et les poires au sirop, entre autres.

Tartelettes amandines aux poires

Les proportions sont pour 6 tartelettes individuelles ou une grande tarte.

Pour la pâte sablée :

– 250g de farine tamisée

– 125 de beurre ½ sel

– 100g de sucre glace

– les graines d’1/2 gousse de vanille (ou 1 c. à café d’extrait)

– 1 œuf

– du papier sulfurisé et quelques haricots (ou des billes en céramique) pour cuire à blanc

1. Sur le plan de travail ou dans un grand saladier, mélanger la farine avec le sucre glace et la vanille.

2. Quand le mélange est bien homogène, ajouter les dés de beurre et commencer à sabler du bout des doigts pour bien amalgamer l’ensemble. Ajouter ensuite l’œuf et travailler la pâte pendant quelques instants seulement (ne pas prolonger cette étape pour ne pas la rendre élastique).

3. Fraiser la pâte (la travailler avec la paume de la main jusqu’à ce qu’elle ne colle plus et qu’elle soit parfaitement homogène). La rassembler en boule, puis l’aplatir en une galette, l’envelopper dans du film alimentaire et la mettre au frais 1 heure.

4. Préchauffer le four à 180° C (thermostat 6).

5. Sortir la pâte du réfrigérateur, l’étaler sur un plan de travail fariné, sur 2 à 3 mm d’épaisseur.

6. Découper des disques de pâte un peu plus grands que les moules à tartelette ; en garnir les moules. Piquer légèrement les fonds, puis découper des morceaux de papier sulfurisé, les placer sur les fonds de tarte, garnir de haricots ou de billes de céramique. Faire cuire les fonds de tarte à blanc 10 minutes maximum.

Pour la garniture poire-amandine :

– 3 poires Williams mûres (elles doivent sentir très bon) mais encore fermes au toucher

– 100g de poudre d’amandes (110 dans la recette originale)

– 2 œufs

– 50g de beurre (1/2 sel pour moi)

– qq gouttes d’extrait d’amandes amères + 1 c. à soupe d’eau-de-vie de Poire Williams (dans la recette originale, 1 sachet de sucre vanillé)

– 60g de sucre – 1 c. à soupe de crème fraîhe (non prévu dans la recette originale, mais donne un résultat plus moelleux).

1. Mélanger le beurre en pommade et le sucre, ajouter l’extrait d’amande amère, l’eau-de-vie de poire, les œufs, la poudre d’amandes et la crème fraîche. Bien mélanger, verser sur le fond de tarte précuit.

2. Placer une demi-poire épluchée et évidée par tartelette. On peut pratiquer quelques stries sur le dessus des fruits, au couteau, pour éviter qu’elles ne se fripent à la cuisson.

3. Enfourner à 180°C pendant une vingtaine de minutes (un peu plus si vous faites une grande tarte).

 

Petits flans vanille-coco-rhum pour pauses réconfort

Depuis notre retour des Antilles, j’ai l’impression d’avoir replongé en plein mois de janvier. L’hiver s’est réveillé (et de mauvais poil) sur le tard, Pâques est tombé trop tôt cette année, bref tout est déréglé, plus rien ne va comme il faudrait.

Et puis je constate avec tristesse que cette année la mode pascale est au lapin – c’est très germanique, en somme. Pour moi, rien ne remplace le couple œufs/cocotte à Pâques. Entre poules et œufs, il y a un lien évident. Au point qu’on ne sait pas toujours qui est qui, c’est bien connu (on a résolu le problème en inventant les œufs cocotte). Alors qu’entre les lapins et les œufs… y a quelque chose qui cloche. L’alliance de la carpe et du lapin. Ah non, les poissons d’avril, ce n’est pas pour Pâques – encore que l’on vende un peu partout de la « friture », et qu’il y ait plus de fruits de mer que de lapins ou de poules dans ces petits chocolats. Allez comprendre tous ces symboles de renouveau, de renaissance, de résurrection… Notre culture est complexe, y a pas de doute.

 

Passons aux choses sérieuses. J’ai songé un instant à vous livrer une recette de flan coco. Mais je me suis d’abord lancée dans un essai de blanc-manger coco, dessert antillais bien connu. J’étais frustrée de ne pas avoir eu l’occasion d’en manger de bon lors de mon séjour là-bas. Un soir, dans un restaurant, j’ai commandé un blanc-manger, mais ce n’était qu’une sorte de crème écoeurante faite de chantilly très sucrée et parfumée au coco, avec un coulis de framboises. Des framboises dans les îles, il n’y a pas plus typique !

Malheureusement, ma première tentative de blanc-manger coco s’est soldée par un échec. Partie d’une recette utilisant de la gélatine en feuilles, j’ai remplacé cette dernière par de l’agar-agar. Je suis toujours méfiante face au côté élastique de la gélatine. Cela étant, je me méfie aussi du côté dur et cassant de l’agar-agar quand il est surdosé. Mais enfin, le problème n’était même là. Et je ne sais même pas où il était : mon blanc-manger était certes pris, mais granuleux. Bof bof.

Les restes de lait concentré sucré et de crème de coco du blanc-manger raté ont donc été reconvertis en un flan aux œufs improvisé qui s’est révélé bien plus intéressant que je ne l’aurais cru. Un flan dont la consistance est assez dense, avec une délicieuse croûte dorée-caramélisée sur le dessus.

Flan vanille-coco-rhum

Pour 4 à 6 petits flans vanille-coco-rhum (en fonction de la taille de vos ramequins…)

– 60g de lait concentré sucré
– 5 cl de crème liquide
– 20 cl de crème de coco (crème, et non lait de coco, c’est plus épais) (peut se remplacer par de la crème fleurette si on n’aime pas la crème de coco)
– 20 cl de lait
– 4 œufs
– 6 c. à soupe de miel
– 1/2 gousse de vanille
– 2 c. à soupe de rhum brun (rhum vieux)

1. Préchauffer le four à 120°.

2. Porter à frémissement la crème de coco, la crème liquide, le lait concentré sucré et le lait de vache, le rhum et les graines de la ½ gousse de vanille.

3. Dans une jatte, fouetter les œufs entiers avec le sucre de canne. Verser par-dessus le liquide frémissant, en filet, en fouettant constamment pour ne pas faire coaguler les œufs.

4. Répartir dans 4 ramequins en verre et faire cuire au bain-marie pendant 45 à 1 heure environ (très variable selon les fours, en fait). A la fin de la cuisson, les crèmes doivent être parfaitement prises, le dessus forme une croûte dorée.

Notez que le goût de miel ne se sent pas énormément (c’était, en l’occurrence, du miel d’acacia, donc un miel assez neutre en goût). J’imagine (mais je n’ai pas encore essayé) qu’on peut le remplacer par la même quantité de sucre (roux, de préférence), sans que la différence soit décisive. Voire par un autre édulcorant (sucre de palme, pourquoi pas ? ou sirop d’agave pour les adeptes).

Ces crèmes n’ont pas fait 24 heures au frigo. J’ai dégusté la dernière en guise de goûter, avec une tasse de thé oolong Tie Guan Yin taïwanais acheté chez Zenzoo Thesaurus, la nouvelle maison de thé-boutique de la rue Chabanais. Un peu d’énergie pour corriger les versions latines de ceux qui, à la BnF, sont assez fous pour préparer le concours de conservateur… !

On me tague ? Je contre-tague : mini-brownies choco-tonka

C’est un lundi pas tout à fait comme les autres.

La journée a commencé par un jeûne obligatoire pour cause d’analyses biologiques. Perspective

angoissante s’il en est : la piqûre, je m’en fiche, ce qui me chagrine, c’est de sortir de bon matin le ventre vide.

Comme par hasard, ce matin, je me réveille beaucoup trop tôt. Impossible de refermer l’oeil, l’estomac tiraille. Il est 5h, le labo n’ouvre qu’à 8h…

Pour distraire ma faim, je prépare un « Bento p’tit-déj' » :

– jus de pamplemousse frais

– un sandwich de pain complet au beurre salé et à la confiture d’abricots (home made, version Mum’)

– un fromage blanc nature

Désolée, il faisait nuit, je n’ai pas pris de photos…

Il est 7h55, je suis au labo, il y a 14 personnes qui se sont pointées exactement juste avant l’ouverture, comme moi (enfin, juste avant moi).

Je tombe sur une infirmière brutale. Pas grave, j’en ai vu d’autres.

Dans le bus aux trois-quarts vide (vive les vacances scolaires !), je dévore le casse-croûte de survie. Il fait frais et humide, le chauffeur n’a pas jugé bon d’allumer le chauffage, il y a même des vitres ouvertes vers le fond, j’ai froid mais je n’ose rien réclamer.

Vite, au bureau, dans la tour de verre, avec un thé chaud. J’enlève mon gilet, et là ô surprise, j’ai un superbe hématome qui a poussé au creux du coude, tout bombé, et ça me gêne pour taper sur mon clavier d’ordinateur.

La journée passe, je vaque à quelques trucs qui ne coûtent pas beaucoup d’énergie en songeant à ce que je vais vous raconter.

M’y voilà donc. Pour commencer, je vais vous déballer encore un peu de mon moi superficiel, puisque j’ai été taguée pour deux jeux différents, en fin de semaine dernière.

Le premier jeu consiste à énumérer dix associations de saveurs que l’on aime particulièrement. Allons-y, mais je vous préviens, il n’y a rien de plus classique :

1. Fromage blanc et crème de marrons

2. Ail, gingembre et coriandre

3. Mozzarella, basilic et huile d’olive

4. Pommes, caramel et beurre salé

5. Rhubarbe, fraise et gingembre confit

6. Cannelle, purée d’amandes et eau de fleurs d’oranger

7. Aubergines, cumin, coriandre et paprika

8. Griottes et lait d’amandes

9. Citron vert et lait de coco

10. Chocolat noir et fève tonka (comme dans la recette du jour)

Le second jeu consiste à mentionner six faits/habitudes personnels et sans importance. Virka et Aurélie, sachez que s’il y a quelque chose que je n’ai jamais su faire, c’est bien distinguer l’important de l’accessoire. Précisément quand il s’agit de ma petite personne.

Rappel des règles :

– mettre le lien de la personne qui vous a tagué(e)

– mettre le réglement du jeu sur votre blog

– mentionner 6 habitudes/tics/manies ou faits sans importance sur vous-même

– taguer 6 autres personnes en mettant un lien vers leur blog

– informer ces personnes directement sur leur blog

Résultat de mes élucubrations :

1. Quand je vais dans un magasin de sport, je suis littéralement aimantée par le rayon danse. Et pourtant, cela fait plus de 10 ans que je n’ai pas chaussé une paire de pointes…

2. Mes ex et mon Homme ont un point commun : ils portent un nom à consonance étrangère. Pas question de s’appeler Natalia Dupont… (pur hasard et non sélection raciale, rassurez-vous)

3. Sur mon bureau, il y a une petite figurine représentant Caliméro, un lourd cartable en bandoulière, la coquille gravée de racines carrées et de divisions improbables.

4. En ce moment, je suis accroc à un jeu nommé Bubble Breaker (qui est installé sur le téléphone de J.)

5. J’ai l’oreille absolue (c’est rare, ça suscite l’envie, mais ça ne sert à rien, parfois même c’est contreproductif).

6. Hier, 24 février, c’était ma fête (saint Modeste). J’aurais préféré le 18 avril (saint Parfait) mais la date était déjà prise par J.

Mission accomplie, aux suivants svp ! Sans réfléchir et sans ordre de préséance :

Le cookie masqué, Tit’, Gracianne, Grand chef, Patoumi, Céline-Marine

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La recette de ce lundi pas comme les autres : de petites friandises au chocolat et à la fève tonka (cf. l’association de saveurs n°10 !). Inutile de vous dire que c’est à mourir de plaisir…

Mini-brownies choco-tonka

– 200g de chocolat noir à 70% de cacao

– 125g de beurre demi-sel

– 150g de cassonade

– 3 œufs

– 70g de farine

– 1/2 fève tonka

– 1 pincée de cannelle

– du sirop de cacao (marque Terre Exotique) pour le glaçage (3 c. à soupe environ)

1. Préchauffer le four à 150°C. Beurrer et fariner un moule carré ou rectangulaire.

2. Faire fondre le chocolat au bain-marie. Dans une jatte, fouetter le beurre et la cassonade, ajouter les œufs un par un, ajouter la cannelle et la 1/2 fève tonka finement râpée, puis la farine. Terminer par le chocolat fondu.

3. Verser l’appareil dans le moule et enfourner pour 30 minutes environ.

4. Laisser refroidir complètement, puis badigeonner le dessus de sirop de cacao, de manière à obtenir un glaçage très légèrement brillant.

5. Découper en petits carrés de 2 cm de côté. Déguster avec le café (ou sans, à toute heure…)

Rien ne vous empêche de faire de gros (maxi) brownies avec la même recette… Ils se gardent deux ou trois jours, mais pas plus, ensuite, ils sèchent…